Intelligence artificielle : IA plus qu’à…

L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer en profondeur le monde du travail. Si elle apporte de nouvelles opportunités, l’IA représente un défi majeur pour l’emploi et plus globalement pour l’évolution de nos sociétés. Qu’en est-il chez Renault ?

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L’automatisation, la transformation des métiers et la concentration du pouvoir économique entre les mains de quelques géants du numérique sont autant de risques liés à l’IA qui ne sont pas suffisamment pris en compte aujourd’hui.

Déploiement de l’Intelligence artificielle dans l’Ingénierie

Ce sujet a été mis à l’ordre du jour du CSE Renault IDF du 25 octobre 2025.

Avec l’IA, vous ne rentrerez pas plus tôt chez vous le soir. La direction de Renault encourage le déploiement de l’IA avec comme objectif l’augmentation de la productivité et la réduction des délais de conception véhicule (LEAP 100) … et pas la réduction du temps de travail.

Gare au burnout. L’IA est censée effectuer les travaux répétitifs et les tâches « à faible valeur ajoutée ». Certaines tâches qui demandent moins de réflexion permettent pourtant de souffler. Travailler toujours plus intensément risque d’augmenter notre charge mentale. L’IA favorise aussi le repli sur soi et l’isolement (à l’instar des réseaux sociaux). Avant d’interroger l’IA, sollicitons notre entourage !

« Même les tâches à peu de valeur ajoutée intellectuelle ont une vertu. Elles constituent une pause, une respiration, un repos cognitif. Le risque [de l’IA], c’est aussi de se voir submerger par les informations sans être capable de faire le tri et de conserver son esprit critique. »
Séverine Enjolras, sociologue du travail.

Des « collaborateurs augmentés ! Ne rêvez pas. Il n’est pas question d’augmenter les salaires grâce à l’IA, mais d’augmenter l’accessibilité et la diffusion des connaissances techniques, la montée en compétences, l’assistance pour les tâches quotidiennes… Le culte de la performance et de la productivité (avec son graal « l’humain augmenté ») vise surtout à augmenter la marge opérationnelle et pas l’épanouissement humain.

Une IA mise à toutes les sauces. Les réponses fournies par l’IA à des questions nouvelles et complexes sont souvent standards et peu innovantes. La rédaction de compte-rendu a aussi de la « valeur ajoutée ». Cela développe le sens de l’écoute et d’analyse, et la mémoire. Gare aux dérives de l’utilisation de l’IA.

Ne pas faire confiance à l’IA. Relire un rapport généré par l’IA avant sa diffusion permet d’éliminer des erreurs. L’IA doit être pilotée et contrôlée. Elle n’est pas neutre et peut comporter des biais idéologiques.

Humaniser nos véhicules avec l’IA ?! L’IA embarquée permettrait « une expérience utilisateur augmentée » selon la direction. Mais les agents vocaux, même les plus perfectionnés, installés dans les véhicules restent des machines. Attention à ne pas se déshumaniser au contact trop fréquent de robots qui parlent, d’aides à la conduite trop intrusives et de la multiplication des écrans.

Un « pape » artificiel ? Renault a confié l’expertise de l’IA à Luc Julia. Directeur scientifique de Renault depuis 2021, Luc Julia est souvent présenté comme le « pape de l’IA » et « le créateur de SIRI ». Mais son expertise sur l’IA et son rôle dans la paternité de l’assistant vocal d’Apple sont controversés.

Métiers, emplois : IA de la casse

L’IA permettra d’améliorer l’« excellence opérationnelle » : « Ingénierie, production, ventes, logistique et services après-vente plus rapides et efficaces » promet la direction.

Avec déjà quelques exemples d’application :

Câblage : 30 % de gain de temps sur la conception des parcours câblage
Design-Engineering Convergence : passage de 15h de calcul à 10 mn avec l’IA
ADAS : Détection plus rapide et exhaustive des défaillances d’une nouvelle version software…

A une question des élus SUD au CSE du 25 octobre, la direction de l’établissement a répondu qu’aucune étude à ce jour n’était effectuée sur l’impact de l’Intelligence Artificielle sur les métiers et les effectifs !

Pourtant les annonces de suppressions d’emplois liées à l’IA se succèdent chez Amazon, Meta, Salesforce, Dell, Accenture, Onclusive France ou IBM. Et chez Renault ?

Selon des chercheurs de l’Université de Stanford, l’emploi des jeunes diplômés a diminué de 13% par rapport à 2022 aux USA dans les métiers exposés à l’IA : développement informatique, comptabilité, service client... Et chez Renault ?

Bientôt 3 000 nouvelles suppressions de postes à Renault ?!
Renault a indiqué vendredi 3 octobre à l’Agence France Presse (AFP) n’avoir encore pris « aucune décision » sur ses effectifs après la publication d’informations de presse évoquant 3 000 suppressions de postes dans le monde, y compris à son siège à Boulogne-Billancourt.
Selon le média en ligne L’Informé, Renault préparerait en effet un « plan global [qui] devrait aboutir à réduire de 15% le nombre de salariés dans les services supports, c’est-à-dire les ressources humaines, la finance, le marketing... »
Contacté par l’AFP, le groupe a assuré n’avoir « aucun chiffre à communiquer car aucune décision n’est prise ». Sa direction confirme mener « des réflexions sur des axes de simplification, de vitesse d’exécution et d’optimisation de [ses] frais fixes ». Et les « frais fixes », c’est qui ? C’est nous !
Où se font ces réflexions ? En tout cas ni dans les groupes de travail de l’Ingénierie, ni dans les Observatoires des Métiers et des Emplois (ODM, ODE). La démocratie sociale et participative a ses limites.

SUD demande qu’une expertise indépendante soit réalisée sur les impacts du déploiement de l’Intelligence Artificielle dans l’Ingénierie, les Fonctions supports et la Fabrication du groupe Renault.

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