Comme chaque année, la direction de Renault Group a lancé sa grande « enquête salarié ». Chaque employé dans le monde est invité à évaluer et à commenter la stratégie, la culture et son expérience de l’entreprise. Peut-être vous reconnaitrez-vous dans les réponses d’un salarié du Technocentre.

Elle a eu, mais elle ne l’a plus. L’entreprise aujourd’hui, qu’est-ce ? D’ailleurs laquelle ? Qu’est-ce que cela veut dire : un beau groupe français à l’international ? Non. Une alliance ? Non plus. Une firme automobile ? Non plus. Plus de culture industrielle, ni automobile, plus d’âme du bien-faire, du beau et efficace, plus de soucis du pays, du collectif et de sa responsabilité sociale, comme toutes les grosses entreprises malheureusement.

Pas du tout. Comment dire... Elle est devenue un gros truc sans âme, sans direction, sans direction stratégique industrielle, sans réel avenir hors automobile, déstructurée et illisible pour l’externe mais encore plus en interne. Mais tout va bien « on a des prix » ! Mais demain qui va acheter des voitures de l’année qui coûtent trop cher et qui polluent, même sans CO2 ?

Quelle transformation ? Pour qui ? Mobilize, Ampere... On n’est plus dans le même bateau. On se tire dans les pattes pour survivre chacun de son côté.

J’espère que toute cette pénombre vient d’une mauvaise communication. Mais je n’y crois pas un seul instant. Aujourd’hui, plus ça communique moins, on comprend et c’est fait pour cela ! Et puis en général si on dit qu’on ne comprend pas, on ne cherche pas à éclaircir mais on nous répète la même chose pour que cela rentre.

Enthousiasme, avenir... Quelle idée d’accoler ces termes ? L’enthousiasme pouvait exister quand le professionnalisme avait sa place. Aujourd’hui les challenges ne sont que financiers : comment payer toujours plus les actionnaires qui ne sont pas des investisseurs mais des rentiers ? Ça ne peut pas être compatible avec les enjeux d’une industrie complexe en mutation totale.

On a le sentiment que le seul but c’est le bling-bling, la carte de visite et le parachute doré final. L’attachement à l’entreprise est mort depuis longtemps. Fermer les usines françaises est devenu un passe-temps et maintenant c’est l’ingénierie qui est découpée pour mieux être démantelée.

Entreprise ? Je ne sais plus de qu’elle est. Expérience client ? Des énormes SUV électriques pesant des tonnes et à des prix en total décalage avec le niveau de vie de l’Européen moyen.

Excellence dans la réorganisation et la pression sur les salariés et les prestataires (Agile, LEAP100...), mais pas dans l’application de l’éthique du haut management.

Les salariés sont encore tous de bonnes poires car on les presse et les oppresse avec des objectifs (souvent inatteignables et contradictoires), et ils se décarcassent pour faire tourner la maison malgré tout. Comment les remercie-t-on ? Avec des accords sociaux renégociés en force en rabotant tous les acquis (ancienneté, congés fin de carrière, RTT...) !

Les salariés sont débrouillards et savent ne pas attendre qu’on leur dise quoi faire. L’autonomie et l’implication, c’est bien là-dessus que l’entreprise compte pour faire avancer l’entreprise, mais on fatigue et on se lasse.

Toujours des solutions toutes faites sans associer ceux qui font et savent car ils ont l’expérience. Au contraire, il faut faire et avoir fini avant d’avoir réfléchi à ce qu’il fallait réellement faire et à ses implications directes et indirectes.

Oui pour mon N+1, mais pas pour ma direction qui est incompétente et nuisible.

L’entreprise, ses RH et ses managers (sauf en ce qui concerne les opérationnels) ne considèrent personne qu’eux-mêmes et les actionnaires. Alors, les salariés...

Heureusement, sinon ça ne tournerait pas ! On passe son temps à « boucher » les trous avec nos doigts pour empêcher le bateau de couler.

Oui avec mon équipe proche mais pas avec les autres. Il faut faire semblant en permanence.

Avec tous ces découpages, ces plans d’économies, ces restructurations..., les opportunités s’amenuisent et rétrécissent. Quant aux formations, on n’arrive pas forcément à suivre les évolutions des outils et des processus. Alors réussir à se développer, c’est un tour de force ! Surtout avec de nombreuses formations en 2h, en e-learning ou en TEAMS.

Aucune idée en vrai sur le réel processus en place. Je fais juste confiance à mon N+1 pour contourner les RH au mieux.

Plateaux partagées sans poste attribué : une vraie torture à la longue. Aucune info sur la sécurité et les premières interventions (pas de plan, d’info affichée, d’interlocuteurs locaux à appeler...).

Il n’y a plus d’interlocuteur sécurité en local avec des consignes connues de tous, plus de formations sécurité régulières et pratiques sur les plateaux. Le quotidien est usant car tout le monde cherche à se défausser sur son voisin et tout le monde tourne en rond sur des tas de petits problèmes du quotidien devenus insolubles, par manque de moyen, de ressource et de compétence disponible.

Il m’apporte beaucoup de soucis, de nuits blanches et des problèmes de santé physique et mentale. Le médecin du travail conseille donc... de prendre du recul !

Restriction à tout va du télétravail et des jours de congés, pression accrue et inconfort au travail... L’équilibre va être de + en + difficile à trouver.

Il n’y a pas de cotation « -1 » ou« -2 », sinon je pense que cela serait plus juste. Espace non attribué, inconfort sonore, éclatement du collectif des équipes, manque d’intimité et de tranquillité et vols incessants...

Super question. MERCI ! Comme d’habitude : NON, bien-sûr ! Les mesures sont toujours superficielles car sinon elles devraient interroger le TOP Management et les RH n’osent pas se mettre en danger. Si c’est pour créer un service en ligne supplémentaire, un e-learning ou une nouvelle réunion managériale : non merci ! Mais payez nous des jours de congés pour nous reposer !

Depuis le départ de mon collègue en retraite, non remplacé, et l’arrivée de gros projets c’est très compliqué avec un N+2 qui sort des activités nouvelles et prioritaires en permanence.

Tout change trop vite. Il devient de plus en plus difficile d’avoir le nécessaire malgré toutes les informations.

Malgré les tensions et la complexité du contexte, l’équipe reste bienveillante et solidaire. La souffrance impliquée par le manque de visibilité, d’écoute et d’efficacité de la direction de rattachement ébranle tout le monde .

Ca ne coûte pas cher mais c’est important. Ce qui serait encore mieux, c’est la confiance démontrée au quotidien.

Dans mon équipe, oui. Mais pas par la direction et les RH qui ne comptent que le coût que l’on représente et pas tout ce que l’on apporte par notre professionnalisme (qui gène plutôt) et notre expérience (qui est considérée comme ringarde).

Quelle performance ? Pourquoi faire ? Oui, beaucoup. Mais pour une efficacité collective limitée.

Auparavant : oui. La souplesse du système précédent permettait de faire 5 jours en Télétravail si besoin. Cette souplesse apporte une tranquillité d’esprit. Dans un monde bousculé, c’est appréciable.

Beaucoup de choses bougent en ce moment dans ma direction et l’orientation de ma mission semble devoir évoluer. Mais les choses ne sont pas posées et encore moins partagées. Les décisions tombent au coup par coup avec autoritarisme, ce qui n’est pas gage de professionnalisme.

Vaste question ! Arrêter de courir derrière les autres : Chinois, Tesla, Google... La force est en nous, elle nous est propre et elle est malheureusement en train de nous quitter avec l’usure et les départs.