Une offensive tous azimuts qui n'est pas sans risque

Avec son « Contrat social France 2025-2027 », la direction de Renault poursuit son offensive contre les droits des salariés. Elle a utilisé une nouvelle stratégie « tous azimuts » qui a suscité toutefois des réactions parmi les salariés de l’Ingénierie/Tertiaire.

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L’accord intitulé « contrat social France 2025-2027 » poursuit l’élagage de nos droits et le recul de nos conditions de travail : restrictions sur le télétravail, perte de congés (jusqu’à 6 jours RTT + ancienneté pour certains jeunes Cadres, perte de 30 jours de congés de fin de carrière…), hausse de la flexibilité…

Désormais, les CTI [1] sont plafonnés à 15 jours. On ne pourra plus en acquérir au-delà de ce plafond. Il n’y aura donc plus de basculement des CTI au-delà de 15 CTI chaque trimestre dans le CTE [2].

Cette perte de jours de Réduction du Temps de Travail (RTT) est une nouvelle remise en cause des 35h. Prenez vos congés !

Un accord de 165 pages !

Cet accord balaie de nombreux thèmes qui faisaient l’objet auparavant d’accords distincts : mutuelle obligatoire, chômage partiel, gestion des emplois et des compétences, rémunération des apprentis et des stagiaires, dispositifs séniors, Rupture Conventionnelle Collective (RCC), Dispense d’Activité (DA), mobilité, télétravail, forfaits jours, compteurs de congés CTI/CTE, allongement du temps de travail journalier et hebdomadaire en fonction de l’activité, prime de partage de la valeur, PERECO... C’est presque une convention collective d’entreprise. Les salariés sont noyés sous un flot de nouvelles règles qui permet d’invisibiliser de nombreux reculs sociaux.

Cet accord fourre-tout permet aussi d’augmenter les marges de manœuvre de la direction au détriment de celles des syndicats négociateurs et des salariés. La direction a pu ainsi mettre en balance sa prise en charge de la hausse de la mutuelle contre la perte de nombreux acquis. Cela ne lui aurait pas été possible dans des négociations séparées.

La gestion des effectifs en mode Agile

Les précédents accords de compétitivité garantissaient un volume de production, des engagements ou au moins des prévisions d’évolution des effectifs. Rien de tel dans le Contrat dit « social ».

A la place, l’accord décrit sur 40 pages les « outils » pour réaliser « si besoin… des ajustement à la baisse des effectifs ». Chaque « entité » du groupe Renault pourra ainsi lancer un plan de Rupture Conventionnelle Collective ou de Dispense d’Activité quand elle le jugera nécessaire et dans le périmètre organisationnel ou de compétences métier qu’elle jugera pertinent. Si la direction se donne ainsi des marges de manœuvre, les salariés sont priés d’accepter une dose supplémentaire de précarité.

Malgré l’absence de front syndical …

La CFE-CGC et la CFDT ont signé le Contrat Social France. Sans surprise, hélas, car ces syndicats ont signé tous les précédents accords de compétitivité. Ceux-ci ont pourtant dénoncé les aspects négatifs de cet accord, notamment pour les Cadres, mais ils n’ont pas voulu se donner tous les moyens de s’y opposer en refusant au Technocentre toute action intersyndicale commune que nous leur avons proposé.

…la mobilisation de centaines de salariés a fait reculer la direction.

Malgré tout, plusieurs centaines de salariés se sont mobilisés à l’appel de l’intersyndicale SUD/CGT/SM-TE au Technocentre et de la CGT à Lardy lors de trois débrayages d’une heure.

Ces mobilisations, peu communes particulièrement chez les Cadres, ont pesé sur les négociations, obligeant la direction à revoir certains aspects de sa copie sur les congés d’ancienneté ou le télétravail (pocket 35 jours), même si on est encore loin du compte. Plus nombreux, nous aurions pu obtenir davantage.

Avis aux perpétuels mécontents de la machine à café. Il est cent fois plus efficace de se joindre aux appels syndicaux que de râler à son poste travail.

Ces mobilisations collectives sont un point d’appui pour contrer les prochaines attaques. En attendant, la meilleure façon de se préparer à résister est de se syndiquer. Rejoignez-nous !

Notes

[1] Les CTI sont des jours de congés qui sont stockés dans un compteur de « Capital Temps Individuel », c’est à dire qu’ils sont normalement pris à l’initiative du salarié. Les CTI sont issus de la Réduction du Temps de Travail (voir l’accord RTT Renault de 1999). Ils sont aussi appelés « congés RTT » ou tout simplement « RTT ».

[2] Le CTE est un Compte Temps Employeur, c’est à dire qu’il capitalise des jours de congés qui peuvent uniquement être posés à l’initiative de l’employeur. Les jours de CTE sont initialement aussi issus de la réduction du temps de travail. Ils étaient anciennement appelés CTC pour Capital Temps Collectif. Visiblement le mot « collectif » n’était pas du goût de la DRH de Renault qui lui a préfèré le terme « employeur ». On sait ainsi clairement qui en dispose.