Cet été, Renault a transféré 8 usines et 3 centres de R&D spécialisés dans les motorisations thermiques et hybrides dans une co-entreprise avec Geely. Cette branche historique de Renault, avec ses 9000 salariés dans le monde, risque de passer rapidement sous pavillon chinois. Mais qui s’en émeut ?

Le 1er juillet, Renault a créé Horse, une filiale pilotée depuis Madrid et spécialisée dans les motorisations thermiques et hybrides. Horse regroupe 8 usines et 3 centres de R&D en Espagne, Portugal, Roumanie, Turquie, Chili, Argentine et Brésil, soit au total 9 000 salariés dans le monde.

Le 11 juillet, Renault a signé avec Geely un accord de co-entreprise entre Horse et Aurobay, filiale de Geely basée en Chine. Cette co-entreprise aura son siège au Royaume-Uni. Renault y sera à terme minoritaire, tandis que la participation du saoudien Aramco se fait encore désirer.

Aurobay est déjà le fruit d’une co-entreprise avec Volvo Cars en 2021 (Geely a racheté Volvo Cars à Volvo Group en 2010). A l’époque, Volvo Cars estimait que cet accord allait lui « permettre de se concentrer sur le développement de sa nouvelle gamme de voitures haut de gamme tout électriques ». Volvo a depuis vendu ses parts dans Aurobay et cédé à Geely tous ses actifs dans le powertrain : propriété intellectuelle, usines, centre d’ingénierie… L’appétit vorace du patron de Geely, Li Shufu, lui permet d’être dans le Top100 des fortunes mondiales selon Forbes.

Les grands stratèges

Le 8 juillet aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, Jean-Dominique Senard a déclaré que « Le moteur thermique va continuer à vivre pendant au moins 70 ans ». Les conditions pour aller vers le 100% électrique ne sont pas réunies. Les « crises géopolitiques, je pense qu’on ne les a pas anticipées du tout » a-t-il poursuivi, alors que les tensions s’exacerbent entre les USA et la Chine, un des premiers fournisseurs mondiaux des matières premières nécessaires aux véhicules électriques.

Cela n’empêche pas Renault de tout miser sur l’électrique, de délocaliser entièrement le développement et la fabrication de ses motorisations thermiques et hybrides et de les mettre dans le panier du chinois Geely…

Clap de Flins

Renault a programmé la fin de la Zoé en mars 2024, entrainant la fermeture d’une des plus anciennes usines Renault de carrosserie-montage. La Refactory est loin de remplacer le volume d’activité et le nombre d’emplois directs et indirects perdus. Le site devait pourtant produire des batteries, Ghosn et le gouvernement l’avaient promis en 2009… Qui a dit que l’électrique, c’était l’avenir ?!