Le nouveau directeur de l’Ingénierie Renault veut le beurre et l’argent du beurre

Lors d’une visio-conférence mercredi 29 avril, le nouveau directeur de l’Ingénierie Renault, Gilles Le Borgne, a présenté sa vision de la situation aux salariés de l’Ingénierie (soit environ 6000 salariés Renault en France et autant dans le reste du Monde).

Gilles Le Borgne veut le beurre et l’argent du beurre. Il veut une innovation élevée, mais de nombreuses technologies seront abandonnées au profit de Nissan et de Mitsubishi au nom de la réduction des coûts et des synergies (principe Leader/Follower).

Gilles Le Borgne veut plus d’efficacité, mais il souhaite délocaliser davantage de compétences en plaçant un maximum de sous-traitance à l’étranger pour réaliser des économies. Alors que l’externalisation de nombreuses activités d’Ingénierie a déjà accru la charge de travail, on ne voit pas comment leur délocalisation permettrait d’être plus efficace.

Pour Gilles Le borgne, la France serait « un pays cher » à cause de ses coûts fixes et de ses salaires, qui représente 70% du budget de l’Ingénierie. Mais celui-ci ne vise pas les salaires des hauts dirigeants de Renault, lesquels ont augmenté de 16 % en 2018. Il ne vise pas non plus le coût des actionnaires. La France est pourtant le pays qui verse le plus de dividendes aux actionnaires après les États-Unis. L’an dernier, Renault en a été l’illustration en versant plus d’un milliard de dividendes, soit la moitié du plan d’économie que Renault veut mettre en œuvre dès cette année.

Gille Le Borgne reconnait que la France a une des meilleures Ingénieries au monde, avec l’Allemagne et le Japon. La qualité et l’excellence ont en effet un coût. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

Le nouveau directeur de l’Ingénierie se place en fait dans les pas de son prédécesseur, Gaspar Gascon : réduction des couts de validation et du ticket d’entrée Ingénierie, réduction du coût de la sous-traitance, plateaux Fast…

Gilles Le Borgne promet de remédier aux problèmes d’efficacité en simplifiant l’organisation du travail, en prenant les décisions au bon niveau et en diminuant le nombre de managers. C’est une rengaine trop souvent entendue.

Concernant l’environnement, c’est aussi toujours le double langage. Tout en reconnaissant l’importance de la réduction des gaz à effet de serre, le directeur de l’Ingénierie a confirmé que Renault et PSA avaient demandé au gouvernement de retarder l’application de la norme de dépollution Euro 6D (full) qui doit entrer en vigueur en janvier 2021.

Clotilde Delbos, la directrice de Renault par intérim, doit préciser en mai son plan d’économie de 2 milliards d’euros. Elle fera peut-être davantage d’annonces concrètes, notamment sur le positionnement des Leader/Follower. Le syndicat SUD Renault, tout comme nombre de salariés, n’en attend rien de bon. Au contraire, les salariés doivent dès à présent se préparer à se mobiliser pour ne pas payer une crise dont ils ne sont en rien responsables.

SUD Renault Guyancourt/Aubevoye le 29 avril 2020

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