Non à la vente de la collection Renault

Lettre ouverte à Jean-Dominique Senard, Luca De Meo, Catherine Gros (Directrice de la fondation Renault), Thomas Courbe et Alexis Zajdenweber (administrateurs du groupe Renault désignés par l’Etat français) sur la vente de la collection Renault.

Madame, Messieurs,

La direction de Renault a décidé de se débarrasser de 33 œuvres d’art produites dans le cadre de contrats de mécénats passés avec la Régie Renault entre 1967 et 1986. L’opération doit avoir lieu le 6 juin prochain à Paris chez la société de vente aux enchères Christie’s.

Ces œuvres considérées par la direction de Renault comme « mineures » sont celles d’artistes tels que Jean Dubuffet, Niki de Saint Phalle, Victor Vasarely, Robert Rauschenberg, Sam Francis ou Jean Fautrier. Excusez du peu. Nul doute que des spéculateurs sauront en tirer profit.

Cette vente permettrait selon la direction de Renault de restaurer et de protéger le reste de la collection. L’intégralité du produit de la vente, vraiment ? Voilà de toutes façons une drôle de notion du mécénat. Elle pourrait rapporter à Renault entre 4 et 6 millions d’euros [1], soit une somme du même ordre que la rémunération annuelle de son Directeur Général. Faut-il y voir le symbole d’une privatisation du patrimoine collectif ?

Par cette démarche purement financière, la direction de Renault s’affranchit sans état d’âme du contrat initial passé avec ces artistes. Or il avait été convenu que leurs œuvres devaient être gardées à des fins « non publicitaires et non commerciales » et comme un « ensemble indissociable ».

Collection Renault, une vente qui fait des vagues (Le quotidien des Arts, 5 juin 2024)

Nombreux parmi ces artistes avaient clairement exprimé leur soutien aux ouvriers des usines Renault. L’histoire de Renault n’est pas en effet le fruit de ses actionnaires actuels, mais celui du travail de ses ouvriers, techniciens et ingénieurs, hommes et femmes, que Robert Doisneau et d’autres artistes ont su mettre en avant avec talent.

Le syndicat SUD Renault-Ampere soutient la démarche de Delphine Renard (fille de Claude-Louis Renard, fondateur du Service de Recherches Art et Industrie de la Régie Renault) et demande à la direction de Renault de renoncer à cette vente.

Ces œuvres appartiennent à la collectivité et doivent être mises à la disposition du plus grand nombre dans le cadre de musées publics dans le cas où la direction actuelle de Renault ne serait plus en mesure de respecter les engagements de ses prédécesseures. Nous nous opposons à ce que ce bien collectif soit dilapidé et dispersé.

Nous nous adressons également à l’Etat français, un des principaux actionnaires de Renault, et particulièrement à ses représentants au sein du conseil d’administration du groupe, MM Thomas Courbe et Alexis Zajdenweber, pour qu’ils interviennent et fassent cesser la vente des œuvres de la collection Renault.

Guyancourt le 3 juin 2024,
Le syndicat SUD Renault-Ampere

Notes

[1] La vente a finalement dépassé ces prévisions. Les 33 œuvres ont rapporté à Renault 10,4 millions d’euros.

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