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Vers un nouvel accord de compétitivité à Renault : le digital comme prétexte
Publié le 17 août 2016 à 15h23 - Mis à jour le 17 novembre 2016 à 19h31
Alors que la direction de Renault prépare un nouvel accord de compétitivité basé sur sa conception de l’impact du digital dans « l‘usine et l’ingénierie du futur », voici quelques articles sur ce sujet parus récemment dans la presse patronale.
Comment le digital va changer les métiers de l’industrie
Les Echos - le 16/08/2016
La révolution Industrie 4.0 va créer de nouvelles qualifications dans les usines et en faire disparaître d’autres. La formation continue sera un instrument indispensable pour mener à bien ces mutations.
Quel sera l’impact du digital sur les métiers de l’industrie ? La question taraude industriels, syndicalistes et think-tank du secteur. Du big data à la cobotique, en passant par les objets connectés, toutes ces technologies liées à Industrie 4.0 vont s’installer progressivement dans usines dans les années à venir. Pour les experts, cette nouvelle vague digitale va changer la donne parce qu’elle permettra d’automatiser des emplois qualifiés et plus seulement de substituer la machine aux muscles de l’homme.
« La frontière qui sépare les métiers automatisables des autres ne recoupe plus la distinction « manuel/intellectuel », explique Max Blanchet, Senior Partner chez Roland Berger, dans son dernier livre « Industrie 4.0 Nouvelle donne industrielle, nouveau modèle économique ». Ce qui rend une tâche automatisable à l’heure du numérique, c’est avant tout son caractère répétitif, qu’elle soit manuelle ou intellectuelle. » Ce basculement, rendu possible par l’utilisation de l’informatique décisionnelle, va avoir un impact profond.
D’après une étude du Roland Berger Institute, sur les 185 métiers que l’on trouve aujourd’hui dans l’industrie, environ 50 % auront une probabilité très forte d’être automatisés dans les 20 ans à venir. On peut citer pêle-mèle régleur, cariste, vérificateur qualité usine, outilleur, opérateur de machines assistées par ordinateur... France Stratégie, qui utilise une méthodologie différente, se veut plus optimiste et mise sur seulement 25 % d’emplois « automatisable » dans l’industrie. Dans le même temps, d’autres qualifications vont se développer comme statisticien de maintenance prédictive, formateur de cobots, cyber-testeurs (tests de produits par simulation) ou paramétreurs de systèmes de contrôles...
D’autres experts sont plus prudents. « Il y aura certes ces nouveaux métiers mais on se dirige davantage vers une hybridation des professions et un élargissement des tâches », estime Thibaud Bidet-Mayer, chef de projet pour le think-tank « La Fabrique de l’Industrie ». « L’automatisation des usines entraîne une requalification des postes », précise Patrick Benammar directeur rémunération, avantages sociaux et formation chez Valeo. La conséquence immédiate est une diminution des postes les moins qualifiés et des tâches pénibles. Les travailleurs sont redirigés vers des missions faisant appel à davantage de compétences, notamment d’anticipation.
« Montée en gamme des compétences »
Pour accompagner ces changements, la formation continue apparaît comme un instrument fondamental. « Cette industrie du futur peut être l’occasion d’une montée en gamme des qualifications des salariés », explique Isabelle Martin secrétaire confédérale CFDT et membre du Conseil national de l’industrie. Objectif : apporter une culture numérique et apprendre les nouveaux usages à chacun.
Pas question de changer radicalement de population de salariés. « Le changement culturel et les compétences numériques doivent s’ajouter à la connaissance du métier », pense Thibaud Bidet-Mayer. « C’est plus facile d’amener un ingénieur process au digital que l’inverse », confirme Philippe Darmayan, président de l’Alliance Industrie du Futur, qui regroupe les organisations professionnelles de l’industrie et du numérique.
Même si les nouvelles technologies vont prendre une très grande place, le coeur des métiers devrait rester central et l’expertise technique également. « Nous n’avons pas de visibilité à plus de 20 ans, il faut donc un accès à la formation continue tout au long de la carrière pour évoluer avec les innovations », précise Philippe Darmayan.
La formation initiale devra également s’adapter à ces transformations . L’inconnu sur le contenu précis des métiers de demain oblige les écoles à « apprendre à apprendre ». « Aujourd’hui le marché de l’emploi évolue tellement rapidement que l’individu que nous formons est quelqu’un qui a l’appétence et la possibilité de se former et d’apprendre tout seul », indique Laurent Carraro, directeur général d’Arts et Métier ParisTech.
L’entreprise comme lieu d’apprentissage
En plus d’un fort recours à la formation continue, Isabelle Martin plaide pour que « l’entreprise soit également un lieu d’apprentissage. Etant donné l’accélération de l’évolution des compétences jugées indispensables, l’organisation du travail doit permettre une formation sur le lieu du travail ». Pour cela, les nouvelles technologies fournissent des outils très riches. Un opérateur effectuant une tache sur une machine avec des lunettes connectées, commentant et expliquant ses gestes peut donner lieu à un tutorial diffusé à ses collègues.
Des plate-formes numériques sont en train de voir le jour pour permettre l’échange d’information. Des moocs, des réseaux sociaux d’entreprises sont aussi en place dans nombre de sociétés. Cette évolution s’accompagne d’un management plus collaboratif où les compétences sociales seront davantage stimulées. « Dans cinq ou dix ans, dans l’industrie tout le monde parlera robot et digital, pense Nicolas Orance, directeur de l’innovation chez Daher. Ce qui fera la différence c’est l’homme et la femme dans l’usine, pas les technologies. »
Justin Delépine
Stefano Scarpetta : « Avec la robotisation, l’enjeu n’est pas la disparition du travail mais sa transformation »
Les Echos - Le 26/07/2016
INTERVIEW - Le directeur de la Direction emploi, travail et affaires sociales de l’OCDE.
- Faut-il craindre un « chômage technologique de masse » à court ou moyen terme ?
Je ne pense pas. Certes, il y a de réelles incertitudes sur le devenir à l’horizon 10 ou 15 ans de certains postes. Nous avons mesuré que 9 % des emplois des pays de l’OCDE présentent au moins 70 % de tâches automatisables et sont à ce titre menacés. S’ajoutent 20 % de postes présentant 50 à 70 % de tâches automatisables. Mais les emplois ne vont pas forcément disparaître, ils devraient plutôt fortement évoluer. Ils vont se recentrer dans les domaines nécessitant des interactions sociales et une intelligence créatrice, là où l’homme conservera un avantage comparatif.
Il ne faut pas oublier non plus que si la technologie détruit des emplois, elle en crée aussi beaucoup. Chaque emploi créé dans le numérique en génère ensuite quatre ou cinq par des effets de filières. Le véritable enjeu, ce n’est pas tant la disparition du travail que sa transformation et sa polarisation.
- Comment se traduit cette polarisation ?
Avec les progrès de l’intelligence artificielle notamment, les machines développent des capacités d’apprentissage et commencent à effectuer des tâches cognitives, pas seulement répétitives. A la différence des précédentes révolutions industrielles, des emplois de plus en plus qualifiés sont menacés. On peut par exemple imaginer des chauffeurs de taxis remplacés par des google car ou des interprètes par des logiciels de traduction simultanée.
Le progrès technologique impacte fortement les besoins de main d’oeuvre. Avec l’automatisation croissante, la demande de travailleurs aux compétences intermédiaires a chuté depuis quinze ans. Les emplois se concentrent de plus en plus sur les postes les plus qualifiés et, à l’autre bout du spectre, sur ceux peu qualifiés mais nécessitant beaucoup d’interactions sociales, dans les services à la personne par exemple. La technologie amène les métiers à évoluer de plus en plus vite. Cela fait de la formation continue un enjeu clef, avec des outils souples et individualisés, comme le compte personnel de formation. Une étude que nous finalisons actuellement montre qu’environ un salarié sur deux dans l’OCDE a encore des compétences numériques faibles alors qu’elles sont, et seront, de plus en plus indispensables.
- Comment s’inscrit la France par rapport à ses voisins ? L’emploi y est-il plus menacé ?
Non, avec 9 % d’emplois automatisables et 20 % d’emplois en partie automatisables, elle s’inscrit plutôt dans une moyenne basse. L’Italie où l’Allemagne par exemple sont plus menacées car leur secteur manufacturier y est plus développé, alors qu’en France le poids des services, avec moins de postes menacés, est plus fort. Le tissu d’entreprises influe aussi : plus de postes sont automatisables dans les grandes entreprises et les grosses PME que dans les plus petites structures, où les salariés sont plus multi-tâches.
DerekPerrotte
Moins d’un emploi sur six pourrait être occupé par un robot
Les Echos - Le 26/07/2016
Une étude de France Stratégie estime que 15 % des emplois en France sont automatisables. Mais leur nombre recule, et ils semblent moins appelés à disparaître qu’à se transformer.
C’est la « robolution ». L’automatisation de l’emploi s’impose au coeur des réflexions des entreprises et des économistes tant, à en croire le thème du dernier forum de Davos, elle ouvrirait la voie à une « quatrième révolution industrielle ». Certes, quarante ans après les premiers automates industriels, la peur du remplacement par une machine n’est pas nouvelle. Mais les progrès du numérique, de la robotique et de l’intelligence artificielle rendent la question de leur impact sur l’emploi plus forte que jamais. En 2013, une étude de deux chercheurs américains, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, a fait sensation en concluant que 47 % des emplois aux Etats-Unis étaient automatisables ou le seraient d’ici à dix ou vingt ans. En 2014, le cabinet Roland Berger évoquait 42 % d’emplois menacés en France.
Une note d’analyse publiée mi-juillet par France Stratégie vient fortement relativiser la menace. Selon cet organisme de réflexion prospective rattaché à Matignon, seuls 15 % des emplois hexagonaux (3,4 millions de postes) seraient « automatisables », c’est-à-dire soumis à un « rythme de travail qui n’est pas imposé par la satisfaction immédiate de la demande des clients » et basé sur « la stricte application de consignes ». Ils sont deux fois plus fréquents dans l’industrie (25 %) que dans les services (13 %), où les interactions directes avec le public sont plus fréquentes. La différence de résultats tient à la méthode employée. L’étude américaine et celle de Roland Berger raisonnaient par profession automatisable, chacune vue comme un tout uniforme. France Stratégie s’appuie sur une analyse non par métier, mais par tâches les composant, dont il ressort que nombre de postes ne sont pas aussi automatisables qu’ils pourraient en avoir l’air. L’analyse de France Stratégie vient ainsi conforter les résultats d’une étude publiée mi-mai par l’OCDE qui concluait, avec une méthodologie plus affinée, que seuls 9 % des emplois français ont un risque élevé d’automatisation (9 % aux Etats-Unis, 10 % au Royaume-Uni, 7 % au Japon).
France Stratégie souligne aussi que « de plus en plus d’emplois apparaissent peu automatisables en France en raison des interactions sociales et de l’adaptabilité qu’ils requièrent ». Leur nombre a bondi de 33 % de 1998 à 2013, pour atteindre 9,1 millions. A l’opposé, les emplois automatisables se sont érodés : ils ont reculé de 200.000 en quinze ans. C’est le fruit de la désindustrialisation et d’un « phénomène d’adaptation continuelle du contenu des emplois [...] en même temps que les évolutions technologiques » : ils se recentrent sur des tâches non automatisables, parfois à plus forte valeur ajoutée et surtout nécessitant des « compétences sociales », comme on le voit dans la banque, érigée en « cas d’école » par l’étude (lire ci-dessous).
Un impact incertain
« La révolution numérique détruit des emplois, mais surtout elle transforme les métiers », pointe l’étude, qui évoque, plus qu’une opposition, une « complémentarité entre l’homme et la machine ». D’autant que l’automatisation, quand elle est possible, n’est pas systématique : « D’autres facteurs influencent le déploiement des robots et automates, comme le mode d’organisation du travail, l’acceptabilité sociale et la rentabilité économique ».
L’impact à terme du progrès technologique sur l’emploi est d’autant plus incertain, analyse la note, qu’il contribue aussi à en créer. Directement d’abord, dans la R&D, la conception, la production, la maintenance. En France, le nombre de secrétaires, « remplacées » par les outils bureautiques, a reculé de 200.000 en trente ans... mais celui des informaticiens et ingénieurs, notamment pour bâtir ces outils bureautiques, a bondi de 300.000 (voir le graphique). Les effets macroéconomiques sont aussi primordiaux, les gains de productivité liés à l’automatisation pouvant générer un cercle vertueux de croissance. Les économistes, rappelle France Stratégie, sont toutefois divisés sur l’ampleur des gains de productivité à attendre.
Derek Perrotte
L’usine du futur sera numérique
Les Echos Le 25/02/2016
Internet des objets, « cobotique », simulation numérique…
Le cloud est au coeur de l’industrie 4.0.
Lancé en 2013 par Angela Merkel, le concept d’industrie 4.0, repris dans le monde entier, traduit une prise de conscience profonde. « Pour conserver une puissance industrielle en Occident, il faut se battre non pas sur le prix bas, mais sur la qualité et la compétitivité », confie Eric Payan, responsable en France du programme industrie 4.0 de Bosch qui développe 150 projets d’usine connectée. Bosch est à la fois utilisateur et producteur de technologies pour l’industrie 4.0. Ainsi ce poste de travail qui s’adapte automatiquement à la taille de l’opérateur, ou ces « cobots », ces robots qui collaborent avec l’homme.
Des lunettes de réalité augmentée...
Plus récemment, Bosch a développé des lunettes de réalité augmentée pour simplifier la gestion des contrôles qualité. Fini les rapports avec formulaire papier à cocher qu’il faut ressaisir à la main. Dans les lunettes, l’opérateur voit l’image virtuelle de la pièce à contrôler qu’il compare à la pièce réelle. Et il émet ses instructions vocalement. Sitôt un défaut remarqué, il le verbalise et les lunettes prennent un cliché qui sera envoyé par e-mail au service qualité dans le cloud. « On réduit de 80 % la charge administrative du contrôle qualité. Du coup, on peut faire davantage de contrôles », reprend Eric Payan. Ce type de lunettes est appelé à s’étendre à la maintenance. « D’autant que, avec les capteurs d’usure d’un côté et, de l’autre, les statistiques du Big Data dans le cloud, les industriels se lancent dans la maintenance prédictive. Ils ne changent les pièces que lorsque c’est nécessaire et, surtout, avant que les machines de production ne tombent en panne », ajoute Henri Pidault, directeur « technology advisory » chez Deloitte.
... aux tests virtuels
L’apport du virtuel va encore beaucoup plus loin. En conception, tout d’abord. « Cela fait longtemps que la simulation scientifique (mécanique des fluides, résistance des matériaux, thermique...) renforce la qualité de la conception des produits, lance Slaheddine Frikha, président de la commission industrie du futur de Tech In France, le nouveau nom de l’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel). A présent il s’agit de simuler également le comportement du logiciel embarqué dans les cartes électroniques qui pilotent les systèmes mécaniques. »
Autrement dit, c’est le logiciel réel d’automatisme de votre futur airbag qui sera testé à l’écran directement sur un modèle virtuel ! « Cette approche est particulièrement importante pour développer la voiture autonome car il faudra multiplier les tests jusqu’à aboutir à une solution efficace et robuste », poursuit Slaheddine Frikha. La même démarche est en train de s’appliquer aux machines de production elles-mêmes. Objectif : concevoir et fabriquer les machines connectées... qui vont produire les objets connectés !
E. H.