Une stratégie financière et destructrice d’emplois

Luca De Meo a présenté son plan stratégique pour Renault. Une stratégie qui n’a rien de « renaulutionnaire » tant elle a été utilisée par le patronat : il s’agit de réduire les coûts fixes et les investissements pour augmenter la marge opérationnelle et générer du cash.

Luca De Meo a présenté jeudi 14 janvier son plan stratégique pour le groupe Renault. Une stratégie qui n’a rien de « renaulutionnaire » tant elle a été utilisée par le patronat : il s’agit de réduire les coûts fixes et les investissements pour augmenter la marge opérationnelle et générer plus de cash.

Plan stratégique	MOP	Free Cash Flow cumulé (en €)	Investissements R&D, Capex (en €)	Couts fixes
Objectif 2023	≥ 3%	3 milliards	8% du CA	-2,5 milliards
Objectif 2025	≥ 5%	6 milliards	<8% du CA	-3 milliards

La recette Luca De Meo : Augmenter la marge par véhicule en réduisant son coût en moyenne de 600 € et en augmentant son prix de 20%. Vu la baisse des ventes, c’est faire de nécessité vertu.

À part les objectifs financiers, tout est à la baisse :

Frais généraux : -30 %,
Budget prototype : -40 %,
Durée de développement véhicule : -25 % (de 4 à 3 ans),
Capacités de production : -20 % (de 3,9 à 3,1 millions de véhicules),
Plateformes véhicules : -50 % (de 6 à 3),
Familles moteurs : -50 % (de 8 à 4),
Salariés : - 10% (4600 emplois supprimés en France dont 2500 en Ingénierie/Tertiaire) …

Comment garantir la pérennité de l’entreprise en réduisant les investissements en R&D ?

Luca De Meo a aussi annoncé que 100 000 m2 seront ouverts sur les sites Renault à des partenaires parmi lesquels figureraient Orange, Atos, Dassault System… ou Perkin Elmer déjà dans la place aux Labos.

C’est l’écosystème façon Luca De Meo : 4600 salariés Renault et des milliers de prestataires en moins, des activités externalisées et délocalisées et des fournisseurs sous pression, le tout à la mode greenwashing.

La « transformation des compétences » chargée d’accompagner ces suppressions d’emplois risque d’être douloureuse. Le Directeur des Ressources Humaines évoque une « disruption de l’emploi ». Comment transformer par exemple un spécialiste essai, inscrit dans les cases grises du tableau des compétences, en Data Scientist ? Le salarié, « acteur de sa mobilité », va devoir s’accrocher pour garder son emploi…

Silence dans les rangs

Pour lancer son plan stratégique, Luca De Meo avait organisé un #ChatWithLuca. Un salarié de Renault Sport, qui demandait si la perte pour Renault Sport suite à son regroupement sous Alpine avait été évaluée, s’est vite fait remettre à sa place.
Luca De Meo : « En fait, j’aime pas trop cette question, ok. C’est typiquement le type de vice que cette organisation a, c’est de rediscuter une fois qu’une décision a été prise. Si on veut faire partie de l’équipe, on suit le module de jeu et la stratégie qui a été indiquée… Ça c’est ma réponse. Donc il n’y a pas de discussion sur ça. Ne me discutez pas ça. Si vous ne voulez pas faire ça, vous savez ce que vous devez faire. »

Des menaces à peine voilées ! Luca De Meo n’a pas tardé à montrer son vrai visage : Sous des dehors conviviaux se cache une gestion autoritaire et déconnectée. Le monde d’après ressemble à celui d’avant.

Entre les décisions prises en haut et la réalité du terrain, il y a en effet un gouffre.

Malgré ces menaces, SUD continuera à remettre en cause les choix stratégiques de la direction et ses conséquences sociales (emplois, salaires, conditions de travail…) et environnementales.

Nous incitons les salariés à en faire autant et à ne pas se transformer en béni-oui-oui. Il en va aussi de la dignité humaine. Nos emplois et nos conditions de vie passent avant la finance !

Télécharger le tract du 19 janvier 2021

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À part les objectifs financiers, tout est à la baisse :

Comment garantir la pérennité de l’entreprise en réduisant les investissements en R&D ?

Silence dans les rangs

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