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Actionnariat salarié : le miroir aux alouettes

Publié le 9 septembre 2024 à 16h55 - Mis à jour le 24 septembre 2024 à 14h15

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La direction de Renault lance un nouveau plan d’actionnariat salarié. Mais quelques actions gratuites ne permettent ni de payer ses factures, ni de peser sur les orientations de l’entreprise. Un salarié reste subordonné à son employeur et n’a pas les mêmes intérêts qu’un actionnaire.


La direction de Renault poursuit sa politique en faveur de l’actionnariat salarié. Après l’opération « shareplan 2022 » et « shareplan 2023 », elle lance en septembre un « shareplan 2024 ». Avec ce nouveau « plan d’actionnariat », tous les salariés du groupe Renault dans le monde bénéficieront cette année de 7 actions gratuites et d’un abondement en cas d’achat d’actions supplémentaires [1].

Renault se place dans le cadre de la loi Pacte voulue par le ministre de l’économie Bruno Le Maire en 2019. Cette loi a dérèglementé les dispositifs d’actionnariat salarié afin d’inciter les employeurs à « récompenser le travail » [2] sous forme d’actions. L’objectif est que les salariés puissent acquérir jusqu’à 10% du capital de la société qui les emploie. En fait, les actions acquises sont placées dans un FCPE, un Fonds Commun de Placement d’Entreprise, qui n’est pas géré directement par le salarié (la gestion du FCPE Renault France est géré par la BNP-Paribas) et qui est placé en Bourse.

Avec cette loi Pacte, Macron et ses ministres « pro-business » ont voulu « récompenser le travail » non pas par des hausses de salaire mais en transformant chaque salarié en apprenti capitaliste. Le but est double : drainer davantage d’argent vers les marchés financiers et « intéresser les salariés aux enjeux stratégiques de l’entreprise et à son développement »... boursier. En clair, il s’agit que les travailleurs se prennent au jeu du boursicotage et réagissent non plus comme des salariés mais comme des actionnaires. Un miroir aux alouettes car fondamentalement le salarié reste soumis au lien de subordination envers son employeur. Ses intérêts sont opposés à ceux des actionnaires qui cherchent à tirer le plus de profit de leur « investissement », ce qui se fait toujours au final en augmentant le taux d’exploitation des salariés.

La loi sur le partage de la valeur de 2023 a encore assoupli le régime des attributions gratuites d’actions (AGA) aux salariés et mandataires sociaux depuis le 1er décembre 2023. La loi de 2023 a par exemple rehaussé les plafonds d’attribution d’actions aux salariés, passant ce plafond de 10 à 15% du capital social pour les grandes entreprises.

Les actions proposées aux salariés ont d’abord été rachetées sur le marché boursier par le groupe Renault. Or le rachat de ses propres actions a aussi pour effet de soutenir leur cours. En 2024, l’Assemblée Générale des actionnaires de Renault a voté pour que Renault puisse racheter jusqu’à 2,9 millions de ses propres actions dans le cadre de la distribution d’actions de performance (2 millions d’actions) et du plan actionnariat 2024 (900 000 actions), soit 1% de son capital.

Les actions acquises dans les plans d’actionnariat et leurs dividendes éventuels sont bloqués 5 ans et ne donnent pas de pouvoir d’achat immédiat. Le placement est aussi soumis aux aléas de la Bourse et peut se révéler perdant. C’est une façon pour l’employeur de rémunérer ses salariés en s’exonérant des cotisations versées à la Sécurité sociale.

D’autre part, tous les salariés ne sont pas égaux dans l’attribution d’actions. Quand le salarié de base se retrouve avec quelques dizaines d’actions, la direction de Renault en verse des milliers aux cadres dirigeant. En 2023 en plus du « shareplan », la direction a également mis en oeuvre un plan de « co-investissement » censé récompenser les plus méritants d’entre eux. Renault a ainsi attribué 78 495 actions à 165 cadres dirigeant (hors Luca De Meo), soit 475 actions par cadre dirigeant. Quant aux membres du Comité Exécutif de Renault, ils reçoivent en plus des milliers d’actions de performance. En 2023, Luca de Meo a touché 45 421 actions de performance, Gilles Le Borgne 16 638 actions de performance, Laurens Van Den Acker, Véronique Sarlat-Depotte, Denis Le Vot, François Roger ou encore Frédéric Vincent 12 479 actions de performance chacun, etc.

Le supposé pouvoir que ces actions donneraient aux salariés sur la marche de l’entreprise est également une illusion. Même en ayant 10% du capital, les salariés resteraient largement minoritaires lors des votes de l’assemblée générale annuelle des actionnaires. Pas de quoi peser sur les décisions de sa direction en cas de désaccord. La seule action qui a alors réellement un impact, c’est l’action collective des travailleurs quand ils se mobilisent et font grève.


 

Notes

[1Plans d’actionnariat du groupe Renault :

Actions gratuites Achat premières actions Abondement achat d’actions
Shareplan 2022 6 2 actions achetées = 6 gratuites 30 %
Shareplan 2023 8 2 actions achetées = 6 gratuites
3ème action achetée = 2 gratuites
30 %
Shareplan 2024 7 3 actions achetées = 7 gratuites 30 %

[2Pour les entreprises privées, la loi Pacte (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) a :

  • réduit le forfait social si l’employeur abonde à l’achat d’action par le salarié,
  • donné la possibilité à un employeur de verser des actions gratuites (l’obligation pour un employé d’effectuer un versement a été supprimée),
  • levé les restrictions à l’actionnariat salarié dans les sociétés par actions simplifiées (SAS).

 


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